Sandrine Caristan, responsable de labo à Sanofi, déléguée du syndicat Sud
“Sanofi est une entreprise qui se porte très bien. En pleine pandémie de Covid 19, elle a vu son bénéfice 2020 atteindre un record, avec 12,3 milliards d’euros soit une hausse de 340 %. Pourtant, l’entreprise a supprimé en France 5000 emplois en douze ans, fermé ou vendu 16 sites… Et elle continue à dégraisser et à stopper des activités partout en France, en particulier en chimie et en recherche et développement. À Montpellier où je vis, le site connaît un déclin inexorable depuis dix ans. Alors que nous étions 1400 salarié·es en 2009, nous sommes moins de 900 personnes en CDI aujourd’hui. Cette forte diminution de la masse salariale fait partie de la stratégie des dirigeants. Ils préfèrent recourir toujours plus à la sous-traitance plutôt que de réaliser la recherche en interne. Elle est remplacée par des partenariats ou l’achat de molécules auprès d’entreprises de biotechnologie. Sanofi devient une coquille vide qui gère des prestataires, précarise les emplois et vend des médicaments. Pas étonnant que l’entreprise – pourtant le numéro 1 français de l’industrie pharmaceutique – se retrouve larguée dans la course au vaccin contre le Covid ! Nous devons nous demander collectivement quelle industrie pharmaceutique nous voulons pour demain. Est-ce bien raisonnable de compter sur les actionnaires de Sanofi, qui recherchent le profit et la rentabilité, pour prendre soin de notre santé et décider des médicaments dont nous avons besoin ? Je crois qu’il faut plutôt exiger qu’elle se mette au service des patient·es et de l’intérêt général !”