Le retour du blog !
Bon, il y a longtemps que je n’ai pas écrit pour vous raconter ma vie de député, tant dans les aspects très concrets de cette vie que dans sa dimension politique.
Je n’ai pas totalement abandonné cet exercice que je pratique autrement en partageant des récits de séquences plus précises, comme celles vécues par exemple dans le cadre de la tournée citoyenne, cette immersion dans la vie des quartiers de notre ville de Tours.
Mais je reprends ici une forme de récit plus globale, qui me semble utile pour décrypter la réalité du travail de député, ses forces, ses difficultés, les questionnements qu’il suscite. Et comme je l’ai fait dans les épisodes précédents, je vais aborder ici le travail en circonscription, le travail parlementaire et les autres aspects de mon mandat.
En circonscription : Ma permanence, ça y est !
Me voilà maintenant bien installé dans ma circonscription. Cela se traduit d’abord par une permanence parlementaire, espace d’accueil et de travail pour mon collaborateur en circonscription, Maxime Poumerol. Pour choisir cette permanence, j’avais en tête l’idée d’un lieu partagé et qui puisse représenter mes engagements. Rien de simple car les règles sont exigeantes (c’est légitime) et une permanence ne doit être utilisée que pour une activité de parlementaire. Cela n’exclut pas le partage mais il doit être strictement encadré. Finalement après plusieurs mois de discussions, tant avec les propriétaires du lieu qu’avec le déontologue de l’Assemblée nationale, j’ai pu investir cette permanence au 12 boulevard Heurteloup que je partage avec la SCOP La Collective, qui offre des services de marketing pour les ONG. Nous avons donc un très beau lieu, sur deux étages, avec des bureaux distincts et une salle de réunion partagée. Nous aurons l’occasion de proposer aux tourangelles et tourangeaux des portes ouvertes pour visiter ce lieu, que je veux faire vivre, notamment en y organisant des séquences de travail, des réunions d’information etc. Précisons que les charges inhérentes à cette permanence sont, pour l’essentiel, payées par l’Avance de Frais de Mandat des députés.
Disons aussi que ces permanences peuvent parfois être la cible d’expressions plus ou moins directes, voire parfois de dégradations, et qu’il n’est pas simple de trouver facilement une assurance qui accepte de couvrir ces lieux… Il est souvent conseillé de ne pas être dans un lieu trop visible et de disposer d’une vitrine. Je n’ai pas fait ce choix et celle-ci est visible et en cœur de ville. Je souhaite ainsi parier sur le caractère ouvert et collectif de mon action.
Le parlement de circonscription aussi !
Samedi 28 janvier, nous avons enfin pu installer le parlement de circonscription, instance expérimentale que je m’étais engagé à mettre sur pied. 75 tourangelles et tourangeaux en sont membres, et l’implication lors de cette première journée aura été remarquable et porteuse d’espoir pour la suite. Rappelons que je souhaite, à travers ce parlement, expérimenter une forme de coopération avec les habitants de ma circonscription autour des responsabilités qui sont les miennes. Il ne s’agit pas de me dégager de ces responsabilités, mais bien de les nourrir pour que mes choix et mes décisions soient assurés d’un ancrage dans la réalité et dans les préoccupations de celles et ceux qui y participent.
Nous amenons un peu de l’Assemblée nationale à Tours : des auditions locales rappelant les auditions qu’organisent le parlement, des travaux sur des lois, des propositions de loi, des questions au gouvernement, des enquêtes populaires, bref la mobilisation des outils de l’Assemblée nationale dans une version locale. Et nous amenons un peu de Tours à Paris, en nous appuyant sur l’intelligence collective du parlement et au-delà pour fabriquer nos prises de position, nos initiatives parlementaires.
C’est une expérimentation et, bien entendu, nous n’avons pas de certitudes sur la bonne forme à privilégier. Nous mettons en place une évaluation continue pour le faire évoluer au fur et à mesure.
Il y a des biais que nous connaissons et assumons (j’entends dans les critiques externes que ces sujets viennent assez rapidement) en nous inscrivant dans une démarche de progrès. Ainsi, sur la composition, je pars du principe qu’il faut élargir le cercle progressivement en nous appuyant d’abord sur le volontariat. Le tirage au sort s’est construit sur la base du volontariat. Et forcément, celles et ceux qui ont répondu, sont celles et ceux qui ont eu connaissance de cette proposition. Je précise d’ailleurs qu’il n’y a pas eu de relais médiatiques sur mon appel à candidatures. Mais je parie sur la première phase de mise en œuvre pour donner envie à d’autres d’y participer. De plus, les auditions du parlement sont publiques et permettront à des personnes de découvrir l’intérêt de ce parlement.
Autre biais ou limite, la composition finale n’est pas totalement représentative comme nous pouvions l’espérer. Elle l’est parfaitement du point de vue des âges et de la parité. Elle l’est moins de la diversité des quartiers et des niveaux d’études. Là encore le travail est à faire pour donner confiance dans ce type d’instance et que chacun.e puisse se penser légitime pour y participer et y trouver sa place. “Work in progress”, je pense que nous devons garder cela en tête sans nous empêcher de lancer ce parlement.
Mais cette première journée fut une réussite et les retours du questionnaire d’évaluation sont plus qu’encourageants. Le premier sujet traité a été le projet de loi asile et immigration. Les auditions d’avocats et d’associations ont nourri les réflexions des membres. Et d’autres sujets ont émergé, qui constitueront la feuille de route du parlement.
A suivre…
La tournée citoyenne prend une autre tournure
Depuis début septembre, j’arpente la ville de Tours du matin au soir dans le cadre de ma tournée citoyenne. J’ai pu aller en immersion dans les quartiers du Sanitas, Paul-Bert, Velpeau, Giraudeau, ; avec les pompiers, derrière ou accoudé au comptoir des cafés, au sein des entreprises ou encore chez l’habitant. Ces moments sont pour moi indispensables dans l’exercice de mon mandat, pour entendre et comprendre, les problématiques et les attentes des tourangelles et tourangeaux.
C’est pour cette raison que j’ai décidé de prolonger, sous un autre format, la tournée citoyenne en pérennisant sur l’ensemble de mon mandat et en segmentant la tournée en temps forts immersifs. Ainsi, je ferais des séquences par quartier, thématiques le plus souvent et ouvrirai des temps de permanence pour celles et ceux qui souhaitent me rencontrer. Plus d’informations à venir.
Un.e député.e ne peut pas se saisir de tous les sujets s’il ou elle veut être en mesure de les approfondir et de développer une expertise permettant de contribuer avec justesse à l’élaboration de la loi. Durant les six premiers mois de mon mandat, j’ai pris les sujets sans m’appuyer sur une stratégie explicite, davantage guidé par le calendrier parlementaire et cela pour me familiariser avec la fonction. Bien entendu, la commission dans laquelle je siège guide en partie ces choix. Je siège dans la commission des affaires économiques qui est une commission au spectre large et qui est souvent sollicitée. Nécessairement, le sujet de l’énergie aura occupé une bonne partie du début de mandat et je me suis notamment mobilisé sur les énergies renouvelables.
Avec mes collaborateurs, nous avons organisé un séminaire d’équipe le 26 Janvier, qui nous a permis d’affiner cette stratégie et d’identifier les sujets sur lesquels je souhaite pouvoir apporter ma contribution lors de ce mandat.
Nous avons distingué les sujets prioritaires de circonscription et les sujets prioritaires nationaux, même si les deux se recoupent forcément.
Ainsi en circonscription, je souhaite mettre l’accent sur :
– Les services publics (hôpital, justice, université…).
– La démocratie (permanente).
– Les transformations écologiques et sociales de l’économie.
Au niveau national, je me mobiliserai particulièrement autour de 5 thématiques :
– Les transformations de l’économie (réindustrialisation, relocalisation, économie circulaire, transformation du travail, l’économie sociale et solidaire, la vie associative…).
– Les mobilités douces et notamment le vélo (également sous l’angle des filières économiques du vélo).
– La lutte contre les discriminations et le racisme et les migrations, notamment la prise en charge des mineurs non accompagnés.
– La démocratie : locale et nationale, dans la politique de la ville, l’indépendance de la presse…
– La condition animale et notamment les enjeux liés à la personnalité juridique de la nature.
Je suivrai également les enjeux de l’énergie, avec ma collègue Julie Laernoes, et les questions d’agriculture, avec mes collègues spécifiquement impliqués sur cette thématique.
Bien entendu, je tenterai d’être un relais sur tous les sujets sur lesquels je suis interpellé, facilitant la mise en lien avec des député.e.s expert.e.s ou des acteurs pertinents pour construire des réponses.
Ce séminaire s’est avéré précieux pour toute l’équipe, permettant d’avoir une profondeur de champs plus grande et de moins se laisser emporter par l’actualité.
J’en profite pour évoquer un sujet d’attention pour les député.e.s, celui de la fonction employeur. En effet, les député.e.s gèrent une équipe de salariés et ont donc la responsabilité d’assumer cette fonction. Et cela ne peut être négligé, il s’agit d’une relation de travail particulière, avec une forte charge mentale et un rythme très intense. Prendre soin de ces salarié.e.s est une exigence, cela veut dire gérer au mieux leur rythme de travail, les temps de repos, prendre le temps d’établir des consignes claires, et évaluer avec eux les avancées. C’est aussi les associer aux choix stratégiques. J’ai procédé aux premiers entretiens d’évaluation après ces six premiers mois en leur proposant une grille d’entretien. Ce fut à la fois très utile et très intéressant, pour eux comme pour moi. Notre rythme de folie peut nous conduire à négliger la qualité des relations humaines et de cet accompagnement. J’ai déjà, dans mon passé professionnel, encadré des équipes importantes : cela me facilite grandement la tâche. Ce n’est pas forcément le cas de tous les député.e.s pour qui parfois c’est la première expérience de cette nature. Les échanges au sein du groupe sont aussi utiles pour cela.
A l’Assemblée nationale
La bataille des retraites
Elle occupe tout le devant de la scène parlementaire. Depuis 15 jours, le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS), véhicule législatif utilisé par le gouvernement pour faire passer cette réforme des retraites, est débattu en commission puis en séance publique.
Mon désaccord est total avec ce projet de réforme. J’aurai l’occasion de raconter les débats sous forme de vidéos ou par d’autres moyens de récit. Mais il me semble important d’expliquer la façon dont se déroulent les discussions. D’abord, ce qui contraint très fortement le débat, c’est le recours à l’article 47.1 de la Constitution : « Le Parlement vote les projets de loi de financement de la sécurité sociale dans les conditions prévues par une loi organique. Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée en première lecture dans le délai de vingt jours après le dépôt d’un projet, le Gouvernement saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai de quinze jours. Il est ensuite procédé dans les conditions prévues à l’article 45. Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance »
En clair, le choix d’une loi de finance détermine une durée maximale de débat à ne pas dépasser, et in fine, si les deux chambres n’ont pu se prononcer sur le texte, le gouvernement peut légiférer par ordonnance.
C’est ce choix qui constitue la principale obstruction. Si l’enjeu était tel (ce qui n’est pas démontré) qu’il faille agir en urgence, on aurait pu l’entendre, mais, très clairement, c’est une manière de passer en force, sans recours au fameux 49.3 (toujours possible d’ailleurs). 20 jours pour l’Assemblée nationale sur un texte aussi impactant, c’est vraiment peu.
Ajoutons qu’au milieu de ces débats, il y avait une journée de niche parlementaire que le parti socialiste proposait de reporter pour disposer d’une journée de plus de débat. Nous avons aussi demandé à ce que le débat se poursuive le week-end. Ces deux propositions ont été rejetées.
Le gouvernement et la majorité répètent à l’envie que la NUPES fait de l’obstruction avec un nombre d’amendements excessif. Mais il ne donne aucun signal d’une envie de débattre de toutes les parties du texte, et en particulier du fameux article 7 qui recule l’âge légal de départ à la retraite. D’ailleurs, si le souhait était réellement d’en débattre rapidement, il aurait pu placer cet élément central en début de texte plutôt. Le choix qui a été fait, c’est de commencer par la suppression des régimes spéciaux, espérant ainsi provoquer de la division.
La possibilité de faire des amendements est à peu près la seule existante pour contester une réforme qui n’est pas voulu par une très large majorité des françaises et français. Rappelons-nous aussi, lors de la niche parlementaire de la France Insoumise, les milliers d’amendements déposés par la majorité et les groupes s’opposant fortement à l’abolition de la corrida.
Ajoutons que dans la longueur des débats, il y aussi les multiples réponses apportées par la majorité aux amendements, les rappels au règlement, les suspensions de séance, ce qui participe largement à l’allongement des débats. Donc, il est assez évident que le gouvernement et la majorité veulent scénariser le refus de débat de l’opposition après avoir utilisé tous les moyens de réduire le temps du débat et d’allonger inutilement les discussions. Si nous avions un débat normal dans le cadre d’une loi organique plutôt que dans une loi de finances, nous n’aurions pas ces jeux stratégiques et tactiques.
D’ailleurs, nous constatons que sur de plus en plus de textes, le choix est fait d’utiliser des procédures accélérées et de réduire la place du débat et du travail parlementaire.
Mais surtout, quand les mobilisations sont aussi importantes, quand le refus de cette réforme atteint 90% des actifs, un gouvernement ne devrait pas être sourd. Il se grandirait à retirer cette réforme. Nous sommes là devant une logique de “pompier pyromane”. L’histoire, qui voit la décrédibilisation des oppositions et du mouvement social, est malheureusement une histoire qui se répète.
Pour ma part, je souhaite ardemment que nous puissions débattre de l’article 7, et que chaque député.e soit mis.e devant ses responsabilités par un vote. Le début de la prochaine semaine sera déterminant pour que nous puissions y parvenir.
A suivre…
La niche parlementaire du Parti Socialiste, une journée contrastée
Il faut préciser ce qu’est une niche parlementaire. C’est une journée réservée à l’étude des propositions de loi de chacun des groupes de l’Assemblée nationale. Elle débute à 9h00 et s’achève à minuit. Le plus souvent, les groupes inscrivent plusieurs propositions de lois qui sont étudiées en commission puis en séance publique. Mais la durée contrainte en séance publique limite le nombre de propositions réellement étudiées, d’autant plus si ces propositions font l’objet de beaucoup d’amendements.
Ainsi, l’ordre d’étude est déterminant. Le plus souvent ce ne sont que quelques propositions qui seront effectivement étudiées.
Le Parti socialiste avait inscrit plusieurs propositions :
- Proposition de loi sur les superprofits (retirée)
- Proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur le coût de la vie dans les départements et régions d’Outre-mer (adoptée)
- Proposition de de loi visant à assurer un repas à 1 euro pour tous les étudiants (rejetée)
- Proposition de loi visant à la nationalisation du groupe Électricité de France (adoptée)
- Proposition de loi visant à mieux protéger et accompagner les enfants victimes et co-victimes de violences intrafamiliales (adoptée)
- Proposition de loi visant à renforcer l’ordonnance de protection (adoptée)
Ce sont donc 4 propositions qui ont été adoptées, sur 5 effectivement étudiées. C’est une niche réussie, même si les conditions de déroulement auront été difficiles et je souhaite y revenir ci-après.
Je voudrais d’abord évoquer la mesure très importante visant à proposer le repas à 1 euros pour tous les étudiants. Celle-ci n’a pas été adoptée et c’est vraiment triste. Je n’ai pas pu voter lors du vote final (j’ai voté sur les articles précédents, par contre) et je souhaite expliquer ici ce qu’il s’est passé, bien loin des récits très partiels de la presse et des commentaires que j’ai pu lire ici ou là, et certains étant vraiment injustes.
D’abord, expliquons qu’il est difficile de prévoir le rythme d’étude des textes dans les niches parlementaires, même si le nombre d’amendements constitue une indication. En effet, l’attitude de celles et ceux qui s’opposent au projet est déterminante en séance.
Rappelons que cette niche s’est tenue au milieu des débats sur la retraite et que le PS avait proposé de la décaler, ce qui a été refusé par la majorité. Et il y avait des députés qui avaient calé leurs autres activités ce jour-là, et donc tous les groupes n’étaient pas au complet.
Le PS a fait le choix de retirer sa première proposition pour aller plus vite sur des textes pour lesquels des majorités pouvaient se dégager. La journée a commencé par l’étude d’une résolution sur la création d’une enquête parlementaire concernant les territoires d’Outre-Mer, assez rapidement adoptée, accélérant l’étude du texte concernant les repas à 1 euro.
Il y avait pas mal d’amendements sur ce texte, et les premiers votes ont eu lieu vers 12H00. Selon toute vraisemblance, le vote final semblait ne pas pouvoir se tenir avant 13h, heure de fin de la séance. Pour ma part, je devais partir à 12h30 pour participer au lancement de la démarche de refondation de mon organisation politique. Ce que j’ai fait, convaincu à ce moment-là, au vu du nombre d’amendements restants, que le vote n’aurait pas lieu avant 13h00. J’ai voté sur le 1er article qui a été adopté de justesse. A 12h50, les amendements issus de la NUPES ont été retirés (une dizaine de mémoire) ce qui a accéléré le débat et rendu possible un vote qui a lieu juste après 13h00. Ce choix a été fait considérant le premier vote et la possibilité de l’emporter. Mais entre-temps, la majorité a fait revenir des député.e.s et le score s’est inversé sur le vote final (à 1 voix près donc).
J’ai été informé du retrait d’amendements mais j’étais déjà trop loin pour revenir (le lieu où j’allais était à 25 minutes en métro). D’autres députés occupés en commission ou autres activités n’ont pu revenir à temps. Et le résultat n’a pas été celui espéré, malheureusement. Il est à préciser que la majorité aurait pu faire revenir d’autres député.e.s si nous avions réussi à revenir. Un exemple, une de mes collègues était co-rapporteure avec un député Renaissance. Si elle avait quitté sa commission, il y aurait eu suspension et son co-rapporteur au moins serait aussi revenu, ne changeant pas l’équilibre.
Rien ne dit que le vote aurait été gagnant s’il avait eu lieu à la reprise à 15h00 (même si l’étude de la loi sur la renationalisation indiquera que la majorité présidentielle se retrouvera en minorité, mais j’y reviens ci-après).
Il y a eu des erreurs d’appréciation des rapports de force et, pour ma part, une erreur quant à l’horaire potentiel du vote. Je m’en suis beaucoup voulu et suis encore dépité de cette situation.
Mais, il faut compléter l’explication par des éléments importants :
- Si ce texte n’est pas passé, c’est avant tout parce que la majorité et la droite s’y opposaient, non pas seulement en raison du manque de voix à gauche. Ces situations se multiplient, et il est rigoureusement impossible d’être là tout le temps et sur tous les votes. L’exercice de repérage des moments clés, pour lesquels nous devons faire des choix prioritaires, est un exercice complexe. Rappelons aussi que nous devons assurer des temps prioritaires en circonscription, des séquences hors de l’Assemblée nationale, voir un peu nos familles (pour ma part, je ne serai à Tours que ce week-end, le reste du temps je suis en séance pour combattre la réforme des retraites pendant deux semaines complètes).
- Si victoire il y avait eu, ce qui aurait été une victoire hautement symbolique et évidemment importante, le texte n’aurait très probablement pas trouvé une issue favorable au Sénat, la droite et la majorité s’y opposant fermement.
- Au Sénat, pour les votes de cette nature, la délégation de vote est possible. Il suffit qu’un membre de chaque groupe soit présent pour que tous les votes soient pris en considération. Sur un vote en scrutin public, la délégation n’est pas possible à l’Assemblée nationale. Elle ne l’est que sur les votes solennels. Ce qui n’était pas le cas pour ce vote.
Il me semble nécessaire d’expliquer cela en détail, tant j’étais, et nous étions, déçus de l’issue. Bien sûr, certains considèrent que la présence à un évènement organisé par mon organisation politique était secondaire. Outre que j’en suis un des pilotes et que ma présence était requise, je crois aussi important de ne pas perdre pied avec l’action militante. Pour autant, si j’avais été informé de l’accélération du vote, je ne serais pas parti et je serais arrivé encore plus en retard à cet évènement. D’autres voix manquaient pour d’autres raisons, chacun.e devant faire des choix parfois compliqués. Nous n’avions sans doute pas anticipé cette situation, et la faiblesse de la présence de la majorité qui rendait possible une adoption.
Pour finir, nous réfléchissons avec le Parti socialiste et les autres groupes de la Nupes à la façon dont nous pourrions revenir sur cette proposition et la remettre à l’ordre du jour. C’est une mesure indispensable dont le gouvernement ne veut pas, considérant qu’elle ne devrait être réservée qu’aux étudiants boursiers. Nous pensons au contraire qu’elle doit être universelle car elle est aussi un gage d’autonomie et une réponse à la détresse de nombreux étudiant.e.s.
Dans mon propre mouvement, mais je le sais au-delà et parfois durement, cette situation a suscité de l’émoi, ce qui est totalement compréhensible. Je saurai et nous saurons en tenir compte pour la suite.
Il me semble pour autant qu’il est nécessaire de ne pas jeter l’anathème sur des député.e.s de la NUPES qui, je le pense, dans leur très grande majorité, ne ménagent pas leur peine pour faire avancer des sujets importants et le plus souvent pour s’opposer à des propositions de la majorité contraires à nos valeurs et engagements. Et encore une fois, ce sont celles et ceux qui ont voté contre qui s’y opposent, pas celles et ceux qui n’ont pas pu voter et y sont totalement favorables.
Le début d’après-midi aura été consacré à l’étude de la proposition de loi visant à renationaliser par la loi EDF, et à réintroduire les tarifs réglementés de manière temporaire pour les petites entreprises et les collectivités. L’issue sera très différente.
Cette proposition recueillait l’assentiment de tous les groupes sauf de la majorité présidentielle. J’étais chef de file pour notre groupe sur ce texte de notre collègue Philippe Brun. L’idée centrale était de remettre le destin d’EDF dans les mains du Parlement et non dans celles de Bercy.
La majorité présidentielle a d’entrée de jeu contesté la recevabilité de l’article concernant les tarifs réglementés, contre l’avis du président de la commission des finances, qui a la responsabilité de constater cette recevabilité. Si je ne suis pas en mesure de dire si elle est injustifiée, très clairement si tel était le cas, un recours aurait été possible a posteriori mais cela ne devait pas empêcher l’étude de la proposition. La majorité a eu recours à de nombreux rappels au règlement pour empêcher le débat, avant de quitter l’hémicycle, préférant ainsi remettre en cause le travail du président de la commission des finances. En vérité, elle se savait très minoritaire et ce fut une manœuvre pour ne pas se trouver en situation de perdre un vote.
Résultat, les votes se sont tenus sans la majorité et à la quasi-unanimité, ce texte a été adopté. Nous pouvons espérer que le Sénat, en toute, logique poursuive dans ce sens. La majorité devra respecter ce vote, elle a choisi de déserter l’hémicycle. Et si recours il y a, ce qui est un droit, le Conseil constitutionnel se prononcera.
Ce fut une belle victoire et j’espère que ce texte suivra son parcours tout aussi positivement.
A suivre…
Et pour la suite, quelques perspectives
Je serai chef de file sur le texte « industrie verte » qui arrivera en juin. C’est un sujet qui me motive particulièrement, l’occasion d’aborder les enjeux écologiques et sociaux de la réindustrialisation des territoires. Nommé très en amont, je lance dès à présent un travail de terrain, d’auditions et de recherche autour de cette thématique. Le parlement de circonscription aura aussi l’occasion d’apporter ses contributions.
Il y a des projets de loi du gouvernement sur lesquels être le chef de file implique un travail de longue haleine et très conséquent. Il y a aussi des textes moins impactants, ou issus de propositions de loi des parlementaires, pour lesquels je peux me retrouver chef de file, comme ce fut le cas par exemple sur la loi de renationalisation d’EDF.
Évoquons aussi la loi d’accélération du nucléaire, qui forcément sera un texte de bataille pour les écologistes. C’est ma collègue Julie Laernoes qui sera cheffe de file, et je serai un appui impliqué sur une question que je traite depuis longtemps.
A court terme, je serai l’orateur des Écologistes sur la proposition de loi du groupe Horizon visant à soutenir les petites entreprises et les collectivités territoriales en cas de crise énergétique.
Enfin, le groupe écologiste aura en avril sa première niche parlementaire. J’y défendrai (au moins en commission et possiblement en séance) une proposition de loi portée par le groupe. J’y reviendrai quand cette niche sera totalement fixée, c’est-à-dire après cette semaine.
Il y a donc du pain sur la planche, même si l’actualité des retraites prend l’essentiel de notre temps. En conséquence, je suis un peu loin de la circonscription, ma présence continue étant requise. Cependant, il y aura d’autres phases pour réinvestir totalement les beaux projets qui s’y jouent.
Du côté des médias, quelques actualités :
Emission Twitch chez Purpoz pour un Apérocratie avec Lumir Lapray : https://www.twitch.tv/videos/1710925733
Entretien médiapart sur la chasse : https://www.mediapart.fr/journal/politique/040223/faut-il-restreindre-la-pratique-de-la-chasse-le-debat-gauche
Le lancement du parlement de circonscription : https://www.lanouvellerepublique.fr/tours/tours-le-depute-charles-fournier-inaugure-le-parlement-de-circonscription
La suite de la mission grippe aviaire : https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/grippe-aviaire-la-mission-d-information-de-l-assemblee-nationale-dans-les-deux-sevres-5510261
Mon positionnement sur le PJL Energies renouvelables : https://reporterre.net/Energies-renouvelables-pourquoi-EELV-va-s-abstenir
Débat sur la réforme des retraites face à Daniel Labaronne
https://www.radiobeton.com/www/events/event/des-o-et-debats-reforme-de-la-retriate-le-debat/
Soutien aux employé.es de Toupargel licencié en Indre-et-Loire
Clin d’œil
Un petit clin d’œil cette semaine pour Gaspard, qui va bientôt achever un stage de six mois à nos côtés, et quel stage ! Ce fut un bonheur de travailler avec lui. Il entretient des relations de grande qualité, une écoute constante et dispose d’une grande qualité d’analyse. Il a rédigé de nombreuses notes pour m’appuyer dans mon travail, et elles furent de grande qualité. Il part pour un autre stage en Italie, à la Villa Médicis : autre salle, autre ambiance, mais le tout à la hauteur de son talent. Belle continuation à lui 😊