Voeux citoyens – samedi 28 janvier 2023 – Foyer des Jeunes travailleurs à Tours
Mes voeux pour 2023
Mes chaleureuses salutations pour les élu.e.s présent.e.s, Emmanuel Denis Maire de Tours, les adjoint.e.s et conseiller.e.s municipaux de la ville de Tours, les conseiller.e.s départementaux, les représentant.e.s de la société civile organisée, les citoyennes et citoyens tourangeaux présent.e.s.
Salutations particulières à Marie Quinton, ma suppléante, avec laquelle nous avons construit une campagne riche, collective et surtout victorieuse ! Nous avions décidé ensemble de faire vivre cette fonction de suppléance, qui n’existe que marginalement dans la loi. Marie peut prendre ma suite si jamais je décède (ce n’est pas prévu pour tout de suite), ou si je change de mandat, bien que j’aie fait le choix de quitter le mandat que j’occupais à la région et n’en envisage pas d’autre tant celui-ci me passionne et m’occupe… Mais également si je deviens Ministre, ce qui est assez improbable, comme vous le comprendrez !
Nous utilisons tous les moyens pour que Marie puisse me représenter et jouer un rôle concret dans notre circonscription. Marie préside le Parlement de circonscription que j’ai lancé ce jour, et qui va sans nul doute être une aventure passionnante.
Je salue également les médias locaux dont le rôle est essentiel pour la vitalité de notre démocratie. J’organise d’ailleurs prochainement une séquence d’échange à l’Assemblée nationale sur la liberté et l’indépendance de la presse, avec la remarquable économiste Julia Cagé.
Je suis très heureux de pouvoir vous adresser mes premiers vœux comme député de Tours. En juin dernier vous m’avez accordé votre confiance et je vous en suis profondément reconnaissant.
J’ai souhaité des vœux citoyens et collectifs. C’est pourquoi je voulais partager ce temps de parole avec des tourangelles et tourangeaux, des très jeunes, car je crois utile que les enfants puissent nous dire leurs vœux pour 2023, et des acteurs variés de notre vie de tous les jours : entreprises, acteurs culturels ou associatifs mais aussi des personnes aux parcours riches et qui font vivre notre société. Soyez chacun.e remercié.e d’avoir accepté ce challenge, et de m’avoir adressé vos vœux riches et touchants.
Il y a 6 mois j’ai été élu, et j’ai déjà tant appris. Je ne vais pas ici retracer l’ensemble de mes premiers pas à l’Assemblée, vous trouverez ici le bilan que j’ai produit et que vous pouvez retrouver sur mon site internet.
Mais je voudrais partager quelques faits marquants pour illustrer ma fonction, la rendre accessible et plus concrète.
Être député, c’est agir sur la loi, ce qui est évidemment central. Les voies possibles sont celles du travail sur les lois proposées par le gouvernement, mais aussi celles des propositions de loi que les parlementaires peuvent élaborer. A ce titre, j’ai rapidement eu l’occasion d’être chef de file sur une loi, celle concernant les énergies renouvelables. Ce fut un accélérateur d’apprentissage, à défaut d’être une loi réelle d’accélération des renouvelables : 120 heures en commissions et dans l’hémicycle, 60 interventions, cela vous met immédiatement dans le bain !
J’ai bien sûr eu l’occasion d’agir sur d’autres lois, bien qu’avec un succès très relatif, étant un député de l’opposition. Mais cet exercice est tout à fait intéressant : construire des amendements, participer à la discussion et aux débats, c’est à chaque fois être en situation d’imaginer les effets de nos propositions sur la vie des citoyen.ne.s. Une virgule peut peser fortement.
Parmi les propositions de loi sur lesquelles je travaille, il y en a une que je souhaite partager avec vous : c’est une proposition de loi citoyenne initiée par des habitants de 50 quartiers populaires en France pour faire évoluer la place des citoyen.ne.s dans la politique de la ville. J’aimerais d’ailleurs que puisse exister à l’Assemblée une niche parlementaire citoyenne, et, pourquoi pas, des questions au gouvernement (QAG) citoyennes. Je n’y vois aucune perte de légitimité pour nous, député.e.s, mais au contraire une voie pour redonner confiance dans la démocratie.
Je tire deux premiers enseignements de ces six mois de fabrique de la loi :
- Nous légiférons mal, et sans doute trop. Le temps du débat est de plus en plus contraint, les délais ne permettent pas un exercice suffisamment élaboré et partagé de nos propositions.
- Il y a beaucoup de freins au parlementarisme dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale : un exemple, le principe de la deuxième délibération. Le gouvernement peut faire revoter dans la même journée quand il n’est pas satisfait d’un vote. Mais j’ai accumulé de multiples idées sur l’efficacité de la démocratie parlementaire et je souhaite porter cela dans des propositions pour faire évoluer le règlement de l’Assemblée. Ce n’est pas gagné, mais cela vaut le coup rendre ces propositions visibles ! C’est d’ailleurs, je pense, un sujet à résonance transpartisane.
Être député, c’est bien entendu représenter les habitants de Tours, et agir avec les citoyen.ne.s. Vous le savez, le sujet du progrès démocratique est au cœur de mon parcours d’éducation populaire, puis de ma pratique d’élu. J’ai l’habitude de dire que “la démocratie est vivante”, et qu’il convient d’en prendre soin de manière constante.
Pendant ces six mois, et conformément à mes engagements, j’ai donc initié une tournée citoyenne, en immersion dans la vie des quartiers de Tours, dans les métiers des tourangelles et tourangeaux, dans leur vie quotidienne. Que de rencontres en six mois, que de découverte des réalités dont on ne parle pas ou pas assez ! La prison, tant vue par les surveillants que par les détenus, la gestion de l’eau, l’école, la vie d’un club de foot de quartier, l’hôpital, un café, un Ehpad, des entreprises… Que toutes celles et ceux qui m’ont accueillis soient sincèrement remerciés, j’ai emmagasiné tant de questionnements ! Je ne pourrai sans doute pas donner suite à toutes les demandes, mais à chaque fois que je serai en situation de contribuer à une loi, cette matière accumulée me sera essentielle.
Je ne peux pas ne pas évoquer le Parlement de circonscription, que nous avons initié ce jour. Plus de 70 membres ont participé à sa première session. Ces exercices sont des constructions complexes, souvent imparfaites, mais tellement utiles à mes yeux. Elles sont utiles pour comprendre l’exercice de fabrique de la loi, pour co-construire des propositions, pour nourrir le député que je suis de tant d’interactions fécondes. C’est une aventure dynamique, car sa forme est amenée à évoluer avec celles et ceux qui la font vivre. C’est un laboratoire où les souris sont en blouse blanche !
Enfin, être député, c’est être à l’écoute et faire résonner des demandes et des paroles citoyennes. J’ai eu l’occasion de recevoir beaucoup de tourangeaux et tourangelles et quand cela était possible, d’agir pour que soient formulées des réponses à leurs demandes ou porter leur parole là où c’était nécessaire.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces six mois, mais voici un aperçu de ce que je souhaitais partager avec vous sur une première période intense et passionnante. Sachez que j’y mets toute mon énergie, et que je continuerai bien sûr à le faire.
2022 aura été une année encore une fois particulière et porteuse de beaucoup de questionnements pour notre avenir. Tout d’abord, la crise Covid qui n’en finit pas, mais je pourrais également vous parler de la grippe aviaire, sorte de Covid des animaux, sujet sur lequel je suis rapporteur d’une mission d’information tant le sujet est massif et interroge nos modes de production et le futur des filières agricoles. Ce fut aussi une année de retour du conflit armé en Europe, elle qui ne l’avait pas connu depuis un certain temps, un conflit qui s’enlise et où le risque d’escalade est palpable. L’agression russe se poursuit sous nos yeux, et nous devons être solidaire du peuple ukrainien. Je ne peux qu’espérer que ce conflit trouve une issue très rapidement.
C’est également une année de crise de l’inflation, de crise des prix de l’énergie et des produits de première nécessité. Beaucoup d’habitants se trouvent dans des situations très difficiles et dégradées par ces crises. Les boucliers tels qu’ils ont été conçus ne fonctionnent pas de manière juste et totalement efficace.
Enfin, l’été 2022 aura montré (s’il en était besoin) les conséquences directes du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité. Ces conséquences sont aussi sociales, et impactent les plus vulnérables de manière plus violente.
Voici donc tant d’interrogations qui nous invitent à faire évoluer notre modèle, notre manière d’habiter sur Terre, et notre façon de faire progresser l’égalité entre toutes et tous, femmes et hommes, jeunes et ancien.ne.s, habitant.e.s des campagnes et des villes, des quartiers populaires et des centres…
Alors, au moment où s’ouvre l’année 2023, je souhaiterais aussi vous parler des temps à venir.
A mon grand damne je ne peux pas me saisir profondément de tous les sujets : je souhaite donc travailler plus spécifiquement sur des priorités pour Tours et pour notre pays.
En 2023, je souhaite faire progresser par la loi, par la mise en visibilité de sujets et par tous les moyens possibles, trois grands enjeux ici, en circonscription, et à Paris :
- Celui de la transformation de nos activités économiques, transformation sociale et écologique : reterritorialisation de l’économie, pour l’économie circulaire, pour l’économie sociale et solidaire, par exemple pousser le pôle économique du vélo envisagé par la Ville, soutenir les projets économiques qui répondent aux enjeux écologiques et sociaux…
- Celui des services publics, l’hôpital, l’Université, la justice…
- Celui du progrès démocratique, par exemple le fonctionnement de nos collectivités, la participation citoyenne ou encore le soutien à la vie associative et aux formes coopératives d’organisation.
Je souhaite évidemment poursuivre ce travail de proximité dans les quartiers de notre ville et multiplier ces échanges à taille humaine. Il prendra d’autres formes, plutôt par des séquences thématiques, et toujours aussi interactives.
Je souhaite approfondir mes liens avec tou.te.s les acteurs institutionnels et associatifs de notre ville. Nous pouvons ensemble faire avancer des projets pour Tours : l’exemple du RER Métropolitain et des modes de mobilité douce, ou encore du soutien à nos grandes comme petites institutions culturelles, la question de l’accueil d’urgence et du logement…
Sur la méthode, le Parlement de circonscription travaillera pendant 4 sessions d’une journée tant sur des sujets sur lesquels je pourrai le saisir, par exemple la loi Asile et Immigration, la loi Industrie verte à venir, mais aussi sur des thématiques dont les membres souhaitent se saisir.
Pour finir, je ne peux pas ne pas dire quelques mots du contexte politique. L’Assemblée nationale est une assemblée dans laquelle les Français.e.s ont imposé une forme de proportionnelle. Cela change la donne dans les expressions, dans les équilibres. Il n’y a pas eu de majorité absolue accordée au gouvernement. Même s’il n’y pas de pas de majorité alternative, le parlementarisme s’en trouve renforcé.
Mais notre culture politique n’y est pas vraiment habituée, et le gouvernement n’entend pas dévier de sa ligne. J’ai évidemment en tête la réforme des retraites : je mesure l’incompréhension face à cette réforme injuste.
Il y a heureusement d’autres sujets qui partent de l’initiative parlementaire ou qui laissent de la place à cette initiative, qui offrent une autre image, certes moins visible, de l’Assemblée nationale.
Ma ligne est claire : je suis un élu d’opposition, et chaque fois que je pourrai faire avancer des sujets, je me saisirai de l’occasion.
Les enjeux de lutte contre le réchauffement climatique et la perte de biodiversité, de justice sociale et de démocratie sont et seront les guides de mon engagement. Votre présence et l’implication de tout.e.s ceux rencontrés depuis plusieurs années ou seulement depuis quelques mois, est mon moteur et ma source d’énergie, que j’espère renouvelable !
Pour finir, je voudrais vous adresser à chacun.e mes meilleurs vœux pour 2023, de bonheur, de santé, que cette année soit une année de coopération, de liens renforcés, de paix et d’espoir.
Et je vous invite à partager la galette et un verre de l’amitié 🙂
Merci à Philippe Beyer pour la prise d’images et le montage