A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait 60 jours que la France n’a plus de gouvernement de plein exercice. Le pays est suspendu aux atermoiements d’un Emmanuel Macron qui, après avoir perdu les élections, a refusé de nommer Lucie Castets, candidate de la coalition arrivée en tête le 7 juillet. Il fait tout pour garder la main et le pouvoir.  Cette situation, pour le démocrate et parlementaire que je suis, est insupportable et je mesure combien ce sentiment peut être partagé par des tourangelles et tourangeaux. Le sort du pays ne peut être ainsi retenu par la volonté d’un seul homme. Avec mon groupe parlementaire Écologiste et Social, nous avons donc demandé qu’une session extraordinaire soit immédiatement convoquée [1] pour que le Parlement joue enfin tout son rôle. Je revendique l’affirmation d’une démocratie davantage parlementaire pour sortir de cette vertigineuse verticalité du pouvoir. 

 

Parce que les urgences se multiplient, nous devons prendre les décisions exigées par l’actualité de cette rentrée. Par exemple : chaque année, la rentrée affiche sous une lumière crue les dégâts provoqués par des années d’austérité sur l’Éducation nationale. Cette fois-ci encore, les manques d’enseignants et d’AESH, l’injustice des groupes de niveau, les coupes dans les budgets du Ministère… abîment la formidable mission d’émancipation de l’école. 

Malgré nos appels répétés à ouvrir des places d’hébergement d’urgence et à désengorger le 115, la rentrée c’est aussi près de 2000 enfants sans autre solution d’hébergement que la rue, qui vont aller à l’école cette année. J’ai une pensée émue pour ces familles et je garde en mémoire l’accueil en 2023 de quelques-unes de ces familles, dans ma permanence parlementaire transformée en centre d’hébergement d’urgence  pour dénoncer cette scandaleuse situation [2]. Le combat est malheureusement toujours d’actualité. 

Les médias ont peut-être moins parlé de ces sujets cette année : je veux croire que c’est parce que leurs regards étaient braqués sur Matignon, et non parce que nous nous habituerions à la dégradation sans fin des services publics et des solidarités. Il y a du travail pour remettre le pays debout, et nous ne pouvons rester dans la roue d’un pouvoir qui se veut solitaire et croit pouvoir continuer à dérouler son programme délétère. L’Assemblée, remise au centre du jeu politique, doit redevenir la fabrique de la loi. C’est à cela que nous allons nous employer, avec mes collègues du Nouveau Front Populaire.

Pour ne pas subir cette situation ubuesque et l’absence de gouvernement, le Nouveau Front Populaire doit affirmer son propre agenda. Nous devons nous battre par tous les moyens pour faire avancer les propositions qui ont recueilli une majorité lors de ces élections. 

 

Dans cet esprit, je vais déposer deux propositions de loi dans les prochains jours pour contribuer à changer la vie des gens. 

 

La première vise à instaurer la Sécurité Sociale Alimentaire et ainsi garantir à tous le droit à manger sainement en consommant auprès des commerces de proximité. Elle reprend les mêmes principes que ceux qui ont prévalu pour la mise en place de la Sécurité Sociale : l’universalité, la contribution solidaire (cotisation) et la gestion démocratique (conventionnement avec les producteurs et distributeurs). Cette proposition a été élaborée par un collectif d’acteurs de la société civile et aujourd’hui une trentaine d’expérimentations ont lieu en France pour avancer vers la possible instauration de cette SSA [3]. Des travaux du Parlement de Circonscription [4] que j’ai créé à Tours, ont conforté l’intérêt des citoyens pour cette proposition, sans doute une des plus belles idées politiques de ces dernières années. Elle est à la croisée des urgences sociale, économique et écologique et apporte un souffle vertueux à toute la chaîne alimentaire, du producteur à la fourchette. Elle fait de l’alimentation un enjeu commun et non un seul objet du marché. C’est un levier précieux pour réorienter notre économie au service de la planète et du bien-être, et j’ai hâte de la défendre dans l’hémicycle.

 

La seconde, qui est le fruit de nombreux travaux parlementaires que j’ai menés lors de la précédente mandature, entremêle les enjeux de travail et de démocratie. En donnant une plus large représentation des salariés au sein des conseils d’administration, je suis convaincu que nous pourrions agir de manière directe sur le bien-être au travail tout en ancrant l’économie dans l’activité réelle en la libérant parfois du monopole des actionnaires. N’est-il pas normal que les salariés, qui font vivre l’entreprise, aient leur mot à dire dans son fonctionnement ? J’en reparlerai le temps venu car ce sujet me paraît fondamental. Je tiens d’ailleurs à saluer encore une fois la formidable bataille des salariés de Duralex, qui ont réussi à préserver tous les emplois et à rebâtir leur activité en SCOP, en organisant un nouveau partage de la valeur et des moyens de production. Cette victoire pour l’économie locale et le savoir-faire français est une victoire pour tout le pays, qui nous montre aussi la voie des possibles.

Vous le voyez, la rentrée s’annonce pleine de batailles à mener dans un contexte politique inédit. La responsabilité du Nouveau Front Populaire, immense, est à la hauteur des millions de suffrages qui nous ont porté en tête le 7 juillet dernier. Cet espoir qui s’est manifesté dans le pays, nous devons partout le chérir et le faire grandir. Mais ce sera l’objet d’un prochain billet 😉

Je souhaite à toutes et tous une excellente rentrée !